Ypres, 11 novembre 1914 (3/4)

 

Scotland the Brave !

 

 

 

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Les deux régiments de Grenadiers prussiens arrivent en force et repoussent facilement les avant-postes britanniques. Malgré la forte résistance des hommes de la Garde britannique, une brèche énorme se crée dans la 1ère ligne de défense britannique et les Grenadiers prussiens avancent sur plus de 800 mètres dans le dispositif. Fitzclarence mobilise ses troupes et fait feu de tout bois pour résister tandis que l’artillerie lourde britannique entre en jeu pour stopper à tout prix l’avancée allemande qui semble inexorable malgré des pertes terribles. Les Allemands vont pourtant commettre des erreurs. Pris sous un véritable déluge de feu venant du bois du Polygone et voulant y mettre fin, le 3e Grenadiers choisit d’obliquer sa marche sur sa droite et tente un nouvel assaut sur le bois même mais les Britanniques notamment ceux du 1st King veillent et ajustent leurs tirs ; le 3e Grenadiers perd des centaines d’hommes fauchés par les balles et perd toute cohésion. Il essaye de se désengager en s’éloignant du bois : des groupes s’éparpillent un peu partout pour échapper à la mort. En quelques minutes, le 3e Grenadiers cesse à tel point d’exister que les soldats britanniques vont être trompés par une macabre illusion : alors qu’ils voient surgir face à eux une importante ligne de fantassins allemands dans le brouillard, ils découvrent, le brouillard dissipé, avec horreur et finalement soulagement que cette ligne n’est composée que de cadavres de ce qui avait été le 3e régiment de Grenadiers de la Garde Prussienne.

 

 

 

5 grenadier de la garde prussienne en tenue de campagne

Figure 1: Grenadier de la Garde prussienne en tenue de campagne

 

18 l assaut des grenadiers prussiens repousse par les britanniques

Figure 2: L'assaut des grenadiers allemands est repoussé par les Britanniques...

 

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Le dernier espoir de la journée, côté allemand, reste alors le 1er régiment de Grenadiers prussiens, l’élite absolue du Reich.

Manœuvrant parfaitement sous la grêle d’obus et restant soudé en dépit des premières pertes, celui-ci se jette, telle une flèche, en plein cœur de la ligne écossaise de la 1ère brigade des Guards de Fitzclarence. Une poignée de soldats des Black Watch et des Royal Scots se fait massacrer sur place donnant le temps à l’artillerie britannique de faire pleuvoir sur le régiment d'élite prussien une telle averse de shrapnels qu’il est laminé en profondeur. Le bataillon qui avance en tête est véritablement pulvérisé par cet orage de fer et les deux autres doivent trouver un abri au plus vite : plus de 900 soldats vont chercher refuge dans un bois situé en arrière de celui du Polygone et que l’on appelle alors bois des Nonnes. La brigade des Guards de Fitzclarence s’est alors réduite à 4 officiers et moins de 300 hommes et les hommes du 1st King ne comptent plus que 171 valides sur les 1018 initiaux mais l’essentiel a été accompli. Du moins, chacun le croit côté britannique…

 

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Il faut remarquer ici que l’artillerie britannique est bien aidée dans cette affaire par les batteries françaises de la 18e division d’infanterie appartenant au IXe corps français du général Dubois : à la suite de l’avancée allemande, le 33e et le 49e régiment d’artillerie français sont mis à découvert mais avec un grand sens technique, les très efficaces canons de 75 mm sont rapidement tournés sur leur droite et les Allemands en progression sont foudroyés à moins de 600 mètres. Comme souvent lors de cette campagne d'Ypres, l'aide française se fait bien apprécier !

 

 

Artilleurs francais sympatisants avec des officiers ecossais dans le secteur d ypres en octobre 1914 source wikimedia commons

Figure 3: Artilleurs francais avec leur pièce de 75 mm et ses munitions, sympatisants avec des officiers ecossais dans le secteur d'Ypres en octobre 1914 (Source-Wikimédia Commons)

 

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La bataille va alors prendre sa tournure la plus tragique. La Garde Prussienne a vu tous ses assauts repoussés mais pour les Britanniques subsistent deux menaces. Dans le bois des Nonnes, la masse des réfugiés du 1er Grenadiers fait peser un danger qu’il faut éliminer mais plus grave encore, on s’aperçoit qu’un fort groupe d’isolés de plus de 600 hommes appartenant à deux des régiments de grenadiers prussiens est arrivé à contourner le bois des Nonnes et le laissant sur sa droite, a déjà franchi la première ligne de défense britannique. Il faut absolument remédier à cela. Sinon un véritable trou risque de se créer et de menacer tout le saillant d'Ypres... Les Allemands seraient-ils encore capable de s'ouvrir la route vers la Manche ?

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