La Surprise de Hrodnia: Napoléon capturé par les cosaques, chose impensable ? (Introduction)
Figure 1: Chasseurs à cheval de la Garde Impériale défendant Napoléon encerclé par les Coasques de Platov (Source-Auteur inconnu, provenance Pinterest)
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« Que serait-il advenu de cette brutale échauffourée si les Cosaques s’étaient doutés de l’inestimable capture qu’ils pouvaient faire ? L’épopée impériale prenait fin ce jour-là, 25 octobre 1812. » Ces lignes du célèbre écrivain militaire français des années 1930, Marcel Dupont, font cerner l’enjeu qui marque ce jour, pourtant enfoui dans les mémoires, du 25 octobre 1812. Napoléon, prisonnier des Cosaques, chose impensable ! N’est-ce-là qu’une exagération d’historien ? Voilà, pourtant comment Armand de Caulaincourt, le fameux confident de l’Empereur et présent ce jour-là aux côtés de son maître, juge l’affaire : « Sans doute, nous aurions aussi chèrement vendu notre vie qu’on le peut avec une petite épée et dans l’obscurité où l’on ne sait sur qui l’on frappe, mais certainement, l’Empereur eût été tué ou pris, sans qu’on sût même ou le chercher, dans une grande plaine couverte, par-ci par-là de bouquets de bois [...]. » On monte, là, d’un grade dans la violence hypothétique de l’événement : Napoléon obligé de combattre l’épée à la main, tombant de cheval dans une plaine russe et foulé aux pieds par les chevaux des cosaques, Napoléon expirant dans le petit matin de cette fin de mois d’octobre 1812, l’Empire abattu et la France outragée d’une telle infamie...
Figure 2: L'Ataman [chef] des Cosaques du Don, Matvei Platov (1753-1818), l'homme qui avait lancé une récompense de milliers de roubles pour celui des siens qui arriverait à capturer l'Empereur Napoléon... (Source-Tableau de Peter Edward Stroehling, Fontainebleau, 1814, Royal Collection Trust-London, https://www.rct.uk/collection/407492/matvei-ivanovich-count-platov-ataman-of-the-cossacks-1753-1818)
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On peut aller loin dans les conjectures mais cette fois-ci, on peut écrire que les faits nous y aident volontiers. Caulaincourt n’est d’ailleurs pas le seul de l’entourage de Napoléon à raconter cette affaire. Des faits qui feront, d’ailleurs, le tour de l’Europe puisque quelques années plus tard, un anti-Bonapartiste convaincu, au demeurant admirateur de la gloire impériale, François-René de Chateaubriand, que l’on ne présente plus, écrit dans ses célèbres Mémoires d’outre-tombe, non sans un semblant de déception, « si ces maraudeurs avaient eu plus d’audace, Bonaparte restait prisonnier. » Les témoins nous parlent, le fait est donc d’importance, sa relation en devient alors un devoir. Que s'est-il donc passé à l’aube du 25 octobre 1812 près du petit village de métayers de Hrodnia en plein cœur de la Russie ?
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