Que fait la Lituanie en Ukraine ?

 

Que fait la Lituanie en Ukraine ?

 

[Article mis à jour en août 2019]

 

3cibzadFigure 1: Soldats des Forces Spéciales lituaniennes (Source-Inconnu)

 

 

Le 12 juin 2019, le ministre de la Défense ukrainien annonce la livraison d’une cargaison de matériel militaire pour près de 255 500 euros en provenance de Lituanie. Plus précisément en provenance de l’armée lituanienne qui a décidé de se séparer d’environ 1 million de munitions pour les donner à son homologue ukrainienne. Ce matériel est arrivé en Ukraine via un avion militaire spécial ukrainien affrété exprès pour l’occasion. Cet important transfert d’armes entre la Lituanie et l’Ukraine intervient dans un contexte de reprise de hostilités entre l’armée ukrainienne et les forces séparatistes du Donbass soutenues par l’armée russe. On en veut pour preuve les violents accrochages du 22 juin 2019, près de Pavlopil à une trentaine de kilomètres au nord du grand port de Marioupol qui ont coûté la vie à un soldat ukrainien et en ont blessé huit autres ou encore la série d’attaques de grande ampleur des séparatistes avec du matériel russe lourd, les 10 et 11 août 2019, au nord et au sud de Donetsk qui ont déjà tué un soldat ukrainien selon les premières estimations. À l’heure où le nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky déclarait : « Nous devons mettre tout en œuvre pour que la guerre ne devienne pas une norme pour les générations à venir. » Si cette déclaration intervient le 22 juin dernier, date anniversaire du déclenchement de l’opération Barbarossa par les Allemands qui devait entrainer l’Ukraine dans la Seconde Guerre Mondiale, il est clair que le Président fait référence à la situation présente de l’Ukraine. Que vient donc faire la Lituanie dans ce contexte ukrainien, un pays, qui rappelons-le, connut près de trois siècles de domination de la part de l’ancien très puissant Grand-Duché de Lituanie entre le début du XIVème siècle et la fin du XVIème siècle.

 

La Lituanie, partenaire majeur de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie

 

Dès l’annexion de la Crimée le 16 mars 2014, la Lituanie, malgré son faible poids politico-militaire face à la Russie, se montre l’un des plus fervents alliés de l’Ukraine dans sa lutte contre les séparatistes du Donbass et leurs alliés russes. Ce soutien commence par un drame. Le 22 août 2014, la ville séparatiste de Louhansk est investie par une colonne russe qui affirme vouloir ravitailler la ville mais est, en réalité, une colonne de renforts pour l’armée séparatiste : c’est dans ce cadre que le consul honoraire de Lituanie à Louhansk, Mykola Zelenec, est brutalement mis à mort. Né en 1975, ce brillant chef d’entreprise et homme d’affaire ukrainien, influent localement, entretenait de bonnes relations commerciales avec la Lituanie et s’était vu offrir ce rôle de consul honoraire quelques années auparavant. Alors que la situation se dégrade dans le Donbass en avril-mai 2014, l’ambassadeur lituanien à Kiev le met en garde mais Zelenec refuse de quitter son poste, peu importe les risques, déclarant à l’ambassadeur : « Qu’ils me prennent en otage, qu’ils arrosent ma porte de cocktails Molotov. Mon devoir diplomatique est de trouver un solution pacifique à Louhansk, les gens ne peuvent pas se tuer ainsi. » (paroles rapportées par l’ambassadeur). Vers le 10 août, les prédictions de Zelenec se réalisent tragiquement et il est enlevé par des combattants inconnus : on ne le retrouve que le 22 août, mort et portant les stigmates de sévices corporels. L’émotion est alors très grande en Lituanie jusqu’à la présidente Grybauskait? qui se dit « très choquée ». Cet acte barbare, malheureusement non isolé dans ce drame ukrainien, est, à ce jour, la seule victime ‘’lituanienne’’ dans le conflit russo-ukrainien du Donbass.

Mykola zelenec 1975 2014 source nekropole info

La mort de Zelenec arrive dans un contexte délicat : en effet, fin juillet-début août, la contre-offensive ukrainienne légaliste sur les régions séparatistes comme celles de Donetsk et Louhansk semblait devoir réussir mais à partir de la mi-août, l’arrivée massive de convois de ravitaillements, puis de ‘’volontaires’’ russes va radicalement changer la donne et geler le conflit sur un statu quo toujours effectif. C’est cet interventionnisme de la Russie et probablement de certaines de ses unités militaires auquel la Lituanie va violemment s’attaquer diplomatiquement d’abord puis militairement indirectement ensuite en commençant à aider l’Ukraine et son effort de guerre.

Figure 1: Mykola Zelenec, 1975-2014 (Source-Nekropole.info)

 

La Lituanie, étonnant premier fournisseur d’armes de l’armée ukrainienne légaliste

Ainsi, dès le mois de novembre 2014, une importante aide en matériel militaire est promise par la présidente lituanienne Dalia Grybauskait? à son homologue ukrainien Petro Porochenko qui devait déclarer lors d’une conférence le 24 novembre 2014 : « Cela sera une vraie aide pour nous. ». Cette déclaration faisait suite à celle de la présidente lituanienne : « L’Ukraine recevra toute l’aide possible de la part de la Lituanie et tout ce que la Lituanie possède. » Le message est clair et cette aide ne va faire qu’aller en augmentant au fil des années. En effet, si certains états occidentaux comme les Etats-Unis envoient dès l’hiver 2014 du matériel militaire à l’Ukraine, il s’agit surtout de matériel médical ou, du moins, non-offensif. Armer un état en guerre ouverte contre la Russie n’est pas une décision facile à prendre : une décision que la Lituanie a, pourtant, prise sans équivoques. En effet, la Lituanie n’est que le quatrième fournisseur en aide militaire de l’Ukraine derrière les USA, le Royaume-Uni et le Canada mais c’est son premier fournisseur d’armes depuis le début de la crise. Notons, tout de même, que d’autres états, régionalement proche de l’Ukraine, lui livrent également des armes comme la Hongrie frontalière avec de vieux tanks soviétiques mais dans le cas de la Lituanie, cela s’accompagne également d’un discours important à noter : récurrence constante du rappel d’un ‘’lien indissoluble’’ envers l’Ukraine considérée comme un état frère et virulence envers la Russie vue comme un agresseur évident. Un discours qui n’est évidemment pas tenu par tous en Europe.

Après cet envoi de matériel conséquent en 2014, la Lituanie récidive en septembre 2016 et novembre 2017. Ainsi, début septembre 2016, le ministre de la Défense lituanien d’alors, Juozas Olekas déclarait : « Nous allons envoyer le message à l’Ukraine qu’elle n’est pas seule. […] C’est notre devoir d’aider un ami dévoué qui a été attaqué par la Russie. […] Nous avons répondu à la demande de l’Ukraine et espérons que cela lui rendra la vie plus facile » Ce message se traduit alors par l’envoi immédiat de plus de 150 tonnes de munitions dont la plupart des calibres 5-45 à destination de fusils d’assaut AK-47, les principaux en vigueur dans l’armée ukrainienne. Quelques temps après, une livraison d’au moins 146 mitrailleuses lourdes est effectuée : 60 KPV-14.5 Vladimirov, des mitrailleuses lourdes soviétiques destinées au véhicules blindés de type BTR de l’armée ukrainienne ainsi que 86 mitrailleuses Degtyarov 12.7 mm, datant également de l’époque soviétique et qui sont d’excellente armes lourdes pour l’appui de l’infanterie.

Pkv 14 5 vladimirov redoutables mitrailleuses lourdes source soldat pro

Figure 2: PKV-14.5 Vladimirov, redoutables mitrailleuses lourdes (Source-soldat.pro)

Ce matériel, malgré son caractère dépassé au vu des standards de l’OTAN est, néanmoins, toujours très performant. Le 29 novembre 2017, l’énergique Raimondas Karoblis, ministre de la Défense lituanien depuis décembre 2016, annonçait une nouvelle livraison d’armes particulièrement importante à destination de l’Ukraine et de son armée : 7000 fusils d’assaut AK-47 (Kalachnikovs), plus de 2 millions de cartouches, 80 mitrailleuses, une dizaine de mortiers ainsi qu’un nombre indéterminé d’armes légères ou de matériel antitank.

 

Encyclopedie des armes com

Figure 3: Fusil d'assaut AK-47, jamais démodés depuis des décennies (encyclopédie des armes.com)

 

Le tout pour environ deux millions d’euros. La plupart de ces armes sont encore des matériels datant de la fin de l’époque soviétique : l’armée lituanienne étant en train de moderniser ses armes en les adaptant aux standards de l’OTAN (adhésion en 2004 mais coopération plus intense depuis 2014). Là encore, la déclaration du ministre lituanien est édifiante : « Ce transfert de matériel fait partie de l’aide consistante et bienveillante de la Lituanie envers l’Ukraine dans l’idée de renforcer les capacités défensives et de protéger la souveraineté des états. ». Encore une fois, le message peut s’entendre selon une double lecture : la volonté d’aider l’Ukraine dans sa guerre civile mais aussi l’envie de démontrer au voisin russe la fermeté claire de la Lituanie en ce qui concerne une extension territoriale considérée comme abusive.

 

Le ‘’grand frère’’ lituanien toujours disponible pour aider

Cette aide lituanienne ne se limite pas seulement en matériel et en armes. En effet, depuis le courant de l’année 2016, les hôpitaux lituaniens sont ouverts aux soldats de l’armée ukrainienne nécessitant des soins. De plus, des officiers instructeurs de l’armée lituanienne ont été envoyé assez rapidement en Ukraine pour former les nouvelles recrues de l’armée ukrainienne. Faisant partie d’une force multinationale, ils arrivent dès l’année 2015. Ainsi, le 11 novembre 2015, une quinzaine de soldats, sous-officiers et officiers en provenance du bataillon d’infanterie mécanisé Grand-Duc Algirdas, est envoyé en Ukraine. Ils se voient affectés au terrain d’entrainement et de formation de l’armée ukrainienne de Yavoriv à l’ouest de l’importante ville de Lviv près de la frontière polonaise. Ce centre est un des principaux en ce qui concerne la formation pour les soldats ukrainiens et c’est d’ailleurs là que le Multi-Training-Group-Ukraine, la force multinationale, a disposé son quartier-général : les Lituaniens font donc partie d’une force internationale d’importance en compagnie d’instructeurs américains, canadiens, danois, suédois ou polonais. À titre d’exemple, pour juger du travail effectué par cette force multinationale, au 1er avril 2019, plus de 11 000 militaires ukrainiens avaient participé à des cours ou des entrainements donnés par les instructeurs étrangers (chiffre du ministère des Affaires Etrangères ukrainien). Le 14 janvier 2019, un communiqué annonce qu’un nouvel envoi d’officiers et soldats va être effectué : il s’agit de 12 hommes du bataillon d’infanterie mécanisée Prince Vaidotas. Le communiqué précise que ces hommes devraient être suivis de 10 supplémentaires d’ici le début du mois de février. Ainsi, il y a, au printemps 2019, près d’une trentaine d’officiers et de soldats de l’armée lituanienne qui officient en Ukraine au titre d’instructeurs : une aide appréciable et qui ne cesse d’augmenter. Les dignitaires lituaniens précisent, à chaque fois bien entendu, que les soldats lituaniens ne sont et ne seront jamais déployés dans l’est du pays en zone de conflit mais restent dans les camps d’entrainement de l’ouest et du nord notamment celui de Yavoriv. Le 5 mai 2019, un nouvel envoi se profile : il s’agit d’un nombre indéterminé d’officiers issus du Training Center, de l’Académie militaire Jonas Žemaitis et du bataillon du génie Juozas Vitkus qui devront relever ceux du bataillon mécanisé Prince Vaidotas partis en janvier. Au total, la Lituanie est autorisée à envoyer 60 militaires instructeurs en Ukraine et elle compte bien atteindre ce quota: « Après une longue période de guerres et d’occupations, nous vivons maintenant, en Lituanie, dans la paix et le calme depuis plus de 30 ans mais nous ne pouvons être indifférent et nous ne devons pas oublier nos amis en Ukraine qui essayent de restaurer la paix dans leur paix. » déclare le commandant du bataillon du génie lituanien, Ramunas Jurskis, lors de la cérémonie officielle de départ des officiers à Kaunas en mai dernier. Encore une fois, on retrouve un discours suivant les mêmes logiques : rappel de la fraternité avec l’Ukraine, devoir d’aide et idée du combat juste de l’Ukraine face à son agresseur.

 

Instructeurs lituaniens en ukraine source censor net

Figure 4: Instructeurs lituaniens en Ukraine (Source-censor.net)



?????Soldats ukrainiens et lituaniens en exercice source armee lituanienneFigure 5: Soldats ukrainiens et lituaniens en exercice (Source Armée lituanienne)

 

La Lituanie, s’affirme ainsi, depuis la crise de 2014, comme le fournisseur numéro 1 d’armes de l’Ukraine. Alors que les pays européens n’osent pas soutenir directement l’Ukraine et que les Etats-Unis sont assez ambivalents sur la question, la Lituanie se pose en allié inconditionnel de l’Ukraine. Cela crée une opposition directe avec Moscou qui critique ouvertement la politique de Vilnius. Ainsi, en avril 2015, suite au premier envoi d’armes, la Russie a accusé internationalement l’Ukraine de violations du droit international ainsi que de certains accords européens concernant la vente d’armes. Pour lutter contre ces trafics d’armes, la fédération de Russie n’hésite pas à employer ses meilleures forces. Ainsi, le 27 juin 2019, l’agence de presse russe pour la Sécurité annonce avoir ‘’mis au secret’’ dans un lointain centre de détention (Novy Ourengoi, près des anciens goulags de Vorkouta en Sibérie occidentale), au moins 11 personnes suspectées d’avoir fait transité des armes entre la Lituanie et l’Ukraine. On ne sait rien de ces personnes et de leur nationalité ni où elles ont étaient capturés mais on sait, par le rapport circonstancié du FSB, que la prise d’armes a été la suivante : 7 mitrailleuses, 11 carabines, 14 revolvers, 3 grenades à fragmentation, 9000 munitions et 575 composants divers d’armes. Le communiqué précise que ce matériel est d’origine locale et étrangère. Que ces armes soient celles fournies officiellement par le gouvernement lituanien ou bien qu’elles soient issues d’une contrebande, soutenue par l’état lituanien ou pas, en provenance de la Lituanie, on ne peut le déterminer. Ce qui est sûr, c’est que la Fédération de Russie entend combattre par tous les moyens possible l’envoi d’armes en Ukraine et ne peut que s’opposer donc frontalement à la Lituanie. De son côté, la Lituanie s’est violemment défendue et affirme être dans son droit accusant, à son tour, Moscou, en 2016, de livrer des armes aux rebelles séparatistes du Donbass par la voix de son ministre des Affaires Etrangères Linas Linkevi?ius. En juin 2015, l’ambassadeur lituanien à Moscou délivrait, déjà, un message très clair sur les intentions de son pays alors même que les premières accusations arrivaient par voie dipolmatique : « Nous sommes prêts à aider l’Ukraine de toutes les manières possibles, et spécialement dans le domaine militaire. » Une forme de défi envoyée à la Fédération de Russie mais la Lituanie est-elle capable de mettre en place ce bras de fer de David contre Goliath ?

 

 

La Lituanie, figure de proue de la lutte contre la Russie ?

 

Il est nécessaire de rappeler dans un premier temps que la Lituanie ne possède pas de frontières avec la Russie sinon les près de 200 kilomètres partagées avec la, si controversée, enclave russe de Kaliningrad. Néanmoins, il apparait de plus en plus évident que ce petit état, par la taille, compte bien faire respecter son indépendance sur la scène internationale locale face à la Russie vue comme un ennemi potentiel du moins historique. Il suffit de voir combien, depuis quelques années, la célébration du combat des partisans lituaniens contre les Soviétiques, entre 1944 et les années 1960, a été mise en place par le gouvernement même voire par des initiatives privées, pour se rendre compte que l’antagonisme avec la Russie est plus que jamais d’actualité.

Dans une optique claire de confrontation, la Lituanie joue sur trois tableaux.

 

Une armée nationale professionnelle misant sur la modernisation à outrance

Le premier est national et mise sur la possession d’une armée très performante devant pallier son faible nombre par une grande technicité mais aussi par une doctrine que l’on qualifie de dissuasive. Rien à voir ici avec la dissuasion nucléaire mais plutôt avec l’idée que, en prévision d’une attaque extérieure, l’armée lituanienne et ses soldats doivent être en mesure de montrer à tout agresseur éventuel que la lutte sera menée jusqu’au bout et ce par tous les moyens possibles. Le cœur de l’armée est formée par la brigade mécanisée de 1700 hommes des Geležinis Vilkas, les Loups d’Acier, basée à Rukla dans le sud-ouest du pays. Une autre brigade sur le même modèle est active à l’ouest du pays et une troisième, formée en 2016 grâce au rétablissement de la conscription, est semi-active à Vilnius. Plus récemment, la Lituanie s’est même offert le luxe de créer une troupe d’élite sur le modèle des Navy Seals américains, le bataillon des Jägers (chasseurs à pied selon l’étymologie germanique) Grand-Duc Vytautas, 300 hommes triés sur le volet pour remplir les missions les plus délicates. On doit également ajouter un bataillon aérien très technique et des troupes de marine. Mais l’armée professionnelle seule n’est pas concernée puisque la Lituanie mise beaucoup sur le potentiel offert par le SVDN (Service des volontaires pour la Défense Nationale) qui comprend constamment environ 5400 réservistes sur le modèle de la Garde Nationale américaine. Dans ce chiffre, on compte 500 professionnels qui peuvent partir en opérations extérieures (cela a déjà été le cas en Irak par exemple) et 4900 conscrits issus du service militaire annuel. Au total, l’armée lituanienne actuelle comprend plus de 10 000 hommes dans l’active et près de 5000 réservistes en service ce qui est assez élevé pour la région. En effet, si l’on compare avec les deux autres états baltes, Estonie et Lettonie, on s’aperçoit que l’effectif des militaires professionnels lituaniens est deux fois supérieur à celui de ses voisins. En revanche, le nombre des réservistes est très faible par rapport aux deux autres états baltes : c’est que la Lituanie préfère miser sur une force plus efficace et plus rapidement opérationnelle.

Soldats en exercice du 5eme bat de garde nationale source armee lituanienne

Figure 6: Soldats en exercice du 5ème bataillon de la Garde Nationale lituanienne (Source-Armée lituanienne)

 

Dans ce but, elle s’est donnée les moyens financiers d’effectuer une modernisation complète de son armée depuis 2015-2016 pour arriver, en 2019, à une force opérationnelle certes petite par la taille mais surarmée et suréquipée en jouant notamment sur son partenariat technique avec l’US Army. Ainsi, selon les chiffres de l’OTAN, la Lituanie occupait le 9ème rang mondial en 2016 du classement des dépenses militaires en part du PIB (produit intérieur brut) avec 575 millions de dollars dépensés en un an. Un classement où, certes, l’Estonie est 4ème, la Pologne 5ème et la Lettonie 11ème comme quoi la menace russe depuis la Crimée est prise au sérieux. Mais l’évolution depuis 2016 est à la hausse constante des dépenses militaires en Lituanie qui cherche toujours à moderniser sa petite armée et à compenser son faible nombre par sa technicité. Ajoutons que cette volonté de renforcer son armée est aussi largement impulsée par les Etats-Unis comme condition d’un soutien politique sans faille. En 2017, le montant des dépenses s’élevait déjà à plus de 800 millions de dollars atteignant 2% du PIB. Une part du PIB qui devrait atteindre 2.5% en 2030 selon les objectifs de l’armée lituanienne. Des exemples éloquents sont donnés avec les ultimes achats en date : le 19 février dernier, un contrat de 20 millions de dollars avec les Etats-Unis pour le remplacement et la modernisation des missiles antitanks Javelin présents depuis 2004 dans l’armée lituanienne ; le 1er mai, 1.3 millions de dollars pour un système anti-drones toujours avec les Etats-Unis et surtout l’annonce d’un projet très ambitieux, l’achat, auprès des Américains, de 200 JLTV (John Light Tactical Vehicle), des véhicules dernière génération, qui viennent à peine d’être mis à la vente par les Etats-Unis depuis fin 2018 : tout-terrain, très rapides avec une vitesse de pointe de 110 km/h, ils possèderont un blindage à l’épreuve des tirs mais aussi des mines. Le partenariat matériel entre l’armée lituanienne et l’armée américaine n’a jamais été aussi vivace : on estime, ainsi, que depuis 2014 (et la Crimée donc), les USA ont investi plus de 80 millions de dollars dans la modernisation de l’armée lituanienne tandis que dans le même temps, environ 200 millions dollars étaient dépensés par la Lituanie auprès de l’US Army. D’autres projets d’achat sont également en cours comme la mise en place d’un système de défense anti-aérien ultra-performant avec le constructeur américain Raytheon pour plus de 150 millions de dollars ou bien avec l’Allemagne pour de nouveaux modèles de canons automoteurs Howitzers PzH2000.

 

L’OTAN, l’indispensable rempart contre la Russie

En second lieu et c’est directement lié avec le premier point, la Lituanie peut s’offrir une politique relativement ‘’agressive’’ envers la Russie car elle se sait fermement soutenue par l’OTAN. Membre actif depuis 2004, son entrée fut pour elle une consécration géostratégique. En effet, plus encore que l’entrée dans l’UE, c’est l’intégration à l’OTAN qui était souhaité en Lituanie, une intégration vue comme le seul moyen de contrer la Russie. Cette entrée dans l’OTAN permet surtout de raffermir le lien avec les Etats-Unis qui étaient déjà les premiers fournisseurs de l’armée lituanienne avant même 2004. Dès février 2008 et un sommet à Vilnius vu comme une provocation en Russie, la Lituanie se pose donc comme un pilier essentiel du déploiement de l’OTAN face à la Russie. C’est d’ailleurs aussi vrai en Pologne, en Estonie ou en Lettonie. Mais c’est à partir de 2014 et de l’affaire de Crimée que cette collaboration prend un tournant décisif : l’envoi d’un bataillon de l’OTAN dans les trois pays baltes et la Pologne en 2016 donne à la Lituanie, en particulier, un nouveau rôle en agissant, de fait, comme l’un des porte-avions de la puissance de l’OTAN naviguant dans les eaux frontalières de la Russie. Depuis 2017 et l’arrivée des premiers contingents, les opérations et exercices conjoints avec l’armée lituanienne sont multipliées notamment avec les 1700 hommes d’élite de la brigade Iron Wolf. Le dernier date du courant juin 2019 et a mobilisé plus de 4000 hommes inclus les Iron Wolf dans leur totalité et le bataillon entier de l’OTAN. En plus de ces exercices qui augmentent la cohésion entre unités, les roulements successifs d’unités européennes permettent aux Lituaniens de se sentir ‘’réellement’’ soutenus. Comme le dit bien, le lieutenant-colonel Eugenijus Lastauskas, participant à des exercices avec les Britanniques : « Pour les Lituaniens, pour les militaires, la menace existante et l’escalade qui est en train de se passer avec les activités russes en Ukraine nous a vraiment donné le signe que notre voisin n’est pas pacifique et en mesure d’attaquer d’autres pays. […] Avoir des forces britanniques en Lituanie est un signe clair que l’on est pas tout seul, que les pays baltes ne sont pas seuls -un message pour dire : n’essayez même pas de faire quelque chose dans cette région. » Ce bataillon de l’OTAN, composé initialement d’environ 800 hommes, a été augmenté à 1000 en juillet 2017. Au 20 mars 2019, le bataillon comptait même 1055 hommes (chiffres de l’OTAN). Ces derniers tournent en fonction des agendas de chaque pays. Entre 2017 et 2019, les pays suivants ont envoyés des troupes en Lituanie, principalement sur la base de Rukla : Allemagne, Royaume-Uni, France, République tchèque, Norvège, Belgique, Luxembourg, Croatie, Islande, Pays-Bas. Le commandement du bataillon est assuré pour des périodes roulantes par chaque pays. Ce déploiement permet également aux troupes de l’alliance de se familiariser avec des conditions de vie et de combat qu’elle ne connaissait pas forcément ce qui pourrait être, le cas échéant, appréciable. Ainsi, la Lituanie se sent en position de force protégée par le rempart, désormais visible de l’OTAN. Mais elle veut aller encore plus loin. Le 3 avril 2019, la Lituanie a encore davantage renforcé ses liens avec l’OTAN et surtout les USA en signant un traité d’alliance bilatéral qui prévoit une coopération militaire encore plus grande et surtout, chose espérée depuis des années en Lituanie, l’envoi de troupes opérationnelles de l’US Army sur le sol lituanien. C’est chose faite depuis le mois de juillet. En effet, entre le 15 et le 18 juillet 2019, un détachement de l’US Air Force, composée d’un F-35, de chasseurs F-15 et d’un transport de troupes C-130, est arrivé sur la principale base aérienne du pays, à Šiauliai dans le Nord, pour un exercice aérien baptisé Rapid Forge prévu à partir du 23 juillet 2019. Ce déploiement des troupes américaines s’inscrit dans une double volonté : celle d’envoyer des troupes sur les terrains européens pour des exercices d’ampleur modérée (exemple celui en Géorgie fin Juillet-début Août 2019) pour maintenir la dissuasion face à la Russie et pour préparer l’exercice de très grande ampleur qui aura lieu en 2020 et qui, avec son nom de Defender Europe 2020, annonce très bien la couleur. Le but sera cet exercice sera de tester les capacités de l’armée américaine à déployer une division sur le sol européen le plus rapidement possible : on ne peut que présumer quel ennemi potentiel ce test vise. La Lituanie est déjà en train de préparer ses infrastructures et son système de transports pour permettre l’accueil des troupes qui viendront sur son sol lors de cet exercice couvrant en partie son territoire. On assiste ainsi à une guerre de la démonstration avec des exercices de plus en plus importants de chaque côté : rappelons ainsi, l’exercice de l’armée russe en 2018, Vostok, qui a mobilisé plus de 300 000 militaires et civils dont un contingent de 3500 militaires de l’armée de la République de Chine. Les Etats-Unis et ses alliés de l’OTAN se doivent de riposter dans cette forme de guerre psychologique. De plus, un rapport récent de la Rand Corporation, organisme privée de conseil de l’armée américaine, a établi que la dissuasion actuelle dans les pays baltes n’était pas suffisante. Aussi, le rapport conseille d’injecter plus de 125 millions de dollars dans l’effort de guerre américain pour soutenir les trois pays dont la Lituanie mais aussi de mettre en place une meilleure organisation de la riposte en cas d’attaque de la Russie. On en est ainsi venu à la récente idée de faire former à la guerre asymétrique les réservistes lituaniens par certaines unités de la Garde Nationale américaine.

La Lituanie bénéficie donc d’une couverture de quasi-immunité face à la Russie grâce au déploiement du bataillon de l’OTAN ou de ses liens toujours plus étroits avec les USA. Elle peut ainsi mettre en place une politique beaucoup plus démonstrative vis-à-vis de la Russie visant clairement à montrer que la Russie ne pourra jamais répéter le passé avec les pays baltes et spécialement avec la Lituanie qui, du fait de son arrière-plan historique d’ancienne grande puissance, a maintenant l’intention de se mesurer, du moins symboliquement, à la Russie. Un exemple marquant en a été donné le 18 mai 2019, à Taurag?, lorsqu’une commémoration officielle, sous l’égide conjointe de l’armée lituanienne et des forces de l’OTAN, a célébré le martyr des Frères de la Forêt, les partisans lituaniens qui combattirent l’URSS lors de la réoccupation du pays à partir de 1945 et jusque dans les années 1960. Cet hommage qui fait partie d’un revival du culte de ces partisans depuis quelques années en Lituanie, après une longue période d’oubli, est une provocation claire envers la Russie qui l’a reçu comme tel. Une provocation évidemment sous la protection de l’OTAN.

Notons tout de même que la participation de la Lituanie a l’OTAN et ses organismes associés s’est soldée par plusieurs opérations extérieurs pour les militaires lituaniens : un peu plus de 200 hommes en Afghanistan (depuis 2004 et toujours en cours sous la forme d’une unité de formation aérienne) mais aussi des déploiements au Kosovo, en Bosnie, en Irak, en Centrafrique, au Mali...

 

Offcier du 5eme bat de garde nationale en mission exterieure moyen orient source armee lituanienne

Figure 7: Officier du 5ème bataillon de la Garde Nationale lituanienne en mission extérieure Moyen-Orient (Source-Armée Lituanienne)

 

Pour l’année 2019, on compte actuellement 170 militaires lituaniens déployés en OPEX : une cinquantaine en Afghanistan, 6 instructeurs en Irak, quinze marins au sein de l’opération Atalante contre les pirates somaliens, une force opérationnelle de 39 hommes et 2 instructeurs au Mali, 1 spécialiste au Kosovo, une unité de marine avec un groupe de forces spéciales pour patrouiller en Méditerranée du sud et enfin 9 hommes au sein d’un bataillon de l’OTAN en Turquie.

 

Des ambitions régionales lituaniennes (ré)affirmées

C’est donc dans ce cadre que se développe le troisième tableau de la politique extérieure lituanienne face à la Russie. En effet, disposant d’un fort potentiel militaire régional et soutenue par la présence ‘’rassurante’’ des troupes de l’OTAN, la Lituanie peut se permettre d’afficher plus haut ses ambitions dans la région. Comme notamment le fait de clamer haut et fort son soutien inconditionnel à l’Ukraine. Un soutien qui n’est pas seulement diplomatique mais bien militaire comme on l’a vu. En réalité, l’idée de la Lituanie, partagée par la Pologne, serait de raccrocher l’Ukraine à l’OTAN pour faire front commun contre la Russie. Il faut donc pour cela intensifier la coopération militaire au moins entre ces trois pays.

Une idée de coopération militaire qui ne date pas de la crise de la Crimée. En effet, dans une volonté de fédérer les forces militaires, le projet de créer une brigade polono-lituano-ukrainienne avait été émis dès la fin 2007 et surtout en 2008 suite à la crise géorgienne et l’intervention russe dans ce pays. Après quelques tractations, il voit le jour officiellement le 16 novembre 2009 mais ce n’est que le 19 septembre 2014 que la brigade est mise en place réellement au plus fort finalement de la crise ukrainienne face à la Russie. Une Russie qui n’apprécie évidemment pas ce projet. Rendue opérationnelle en février 2016, cette brigade a son quartier-général à Lublin dans le sud-est de la Pologne et se veut une force d’intervention affiliée à l’ONU et surtout à l’OTAN pour la région. Elle est censée compter 4500 hommes ce qui en fait une force opérationnelle non négligeable. La contingent lituanien est représenté par un détachement du bataillon de uhlans Grande-Duchesse Birut?, une des meilleures unités de l’armée lituanienne. Pour les Polonais, il s’agit d’un détachement de la 21ème division Podhale des Carpates et pour les Ukrainiens du 1er bataillon parachutiste. Notons que les trois unités actives de cette brigade sont issues de formations considérées comme l’élite de leurs armées respectives. Le reste de la brigade, transmissions, génie, intendance est polonais bien que les trois pelotons de police soient respectivement lituaniens, polonais et ukrainiens. Chose importante, le commandement de la brigade a été divisé en trois : un commandant, un Deputy Commander pour le seconder et un chef d’état-major, des postes tournants attribués à chaque fois à un officier ukrainien, lituanien et polonais. Depuis septembre 2018 et pour l'année 2019,  ce commandement tournant est attribué à l’officier supérieur du contingent lituanien titre à savoir le lieutenant-colonel Arturas Jasinskas.

 

Le lieutenant colonel lituanien arturas jasinskas source site de la litpolukrabrig copier copier copier

Figure 8: Le lieutenant-colonel lituanien Arturas Jasinskas (Source-Site de la LITPOLUKRABRIG)

 

Né en 1969, il réalise de solides études militaires au Collège Militaire Balte de Tartu en Estonie puis aux Etats-Unis d’où il revient diplômé en 2015 du US Army War College de Pennsylvanie. Un de ses postes les plus emblématiques a été celui de chef d’état-major du contingent lituanien en Afghanistan. Assez polyvalent, il a une expérience certaines des coopérations militaires pour avoir pris part à des missions avec les autres pays baltes ou avec la Pologne. Parlant couramment anglais, polonais et russe, il a été nommé à ce poste le 21 septembre 2018.

Embleme de la litpolukrbrig

Figure 9: Emblème de la LitPolUkrBrig

 

Cette brigade a réalisé ses premiers exercices au printemps 2016 et voit ses capacités opérationnelles validées le 24 janvier 2017. Le 7 septembre 2017 est également une date importante pour la brigade puisqu’elle reçoit un drapeau et surtout un patron comme c’est la tradition dans les armées polonaises et lituaniennes. Le nom choisi est celui de Konstanty Ostrogoski (1460-1530), un célèbre prince et chef de guerre ruthène au service du Grand-Duché de Lituanie, qui remporta de nombreuses victoires contre les Russes de la Principauté de Moscou à l’époque où Lituanie, Pologne et Ukraine combattaient sous le même drapeau : tout un programme. Sur le site de la brigade, une biographie de ce personnage nous précise bien qu’il remporta 31 victoires sur 33 batailles la plupart contre les Russes de Moscovie notamment celle du 8 septembre 1514 à Orsha (Bélarus actuel) où une armée de plus de 80 000 Moscovites fut anéantie par 30 000 Polono-Lituaniens. Omission sans doute volontaire : l’article du site évite soigneusement d’évoquer la très violente défaite de la Vedrosha, le 14 juillet 1500, où l’armée polono-lituanienne du Grand-Hetman (chef des armées polono-lituaniennes) Ostrogoski fut étrillée en raison d’une mauvaise tactique face aux Moscovites et perdit plus de 8000 hommes (les chroniqueurs russes de l’époque, eux, s’en souviennent très bien).

Dès lors, la brigade peut enfin prendre part à de nombreux exercices visant à améliorer la coopération interarmées entre les trois pays. Cela commence en Ukraine, en mars 2018, à Lviv, puis la brigade participe à l’exercice international Rapid Trident en septembre 2018 sur le terrain ukrainien de Yavoriv, enfin en octobre 2018, les hommes de la LITPOLUKR prennent part à l’exercice international Maple Arch, en Lituanie cette fois, à Nemen?ine au nord de Vilnius en compagnie notamment de troupes canadiennes que les Ukrainiens connaissent bien puisqu’ils forment l’un des plus forts contingents de la Force Multinationale en Ukraine. L’année 2018 ayant été bien remplie, l’année 2019 ne voit pourtant pas le rythme des exercices diminuer puisque la brigade doit participer à celui de très grande ampleur prévue en Géorgie entre fin juillet et début août 2019. Baptisé Agile Spirit et supervisé par l’armée américaine, ce dernier doit amener plus de 3000 soldats issus de plus de dix pays différents, la plupart des voisins de la Russie, à s’entrainer ensemble pendant deux semaines. La brigade doit participer à hauteur de 23 officiers et soldats. Le calendrier prévoit également que, fin 2019, la brigade effectuera un exercice avec la Garde nationale de l’Illinois avec qui elle a établi un partenariat. Cette brigade est donc particulièrement mise à contribution dans l’idée claire de démontrer à tous et notamment à l’allié américain que les ‘’grands voisins’’ de la Russie sont unis. Aux côtés de la Pologne et de l’Ukraine, la Lituanie entend ainsi jouer la carte de la cour des grands. Pour la Pologne et la Lituanie, c’est aussi une façon d’intégrer l’Ukraine dans un partenariat l’emmenant à côtoyer l’OTAN, elle qui essaye d’intégrer l’alliance depuis 2008. En effet, la brigade se veut réellement comme une petite force, type OTAN, pour l’Europe orientale. Ainsi, les troupes ukrainiennes intégrées à cette brigade ont pu se mettre au niveau des standards de l’OTAN en ce qui concerne les matériels et la gestion du commandement ce qui est un pas en avant dans le cadre d’une hypothétique inclusion future de l’Ukraine dans l’OTAN.

Le 25 février 2019, une rencontre historique entre les trois chefs de l’état, Dalia Grybauskait? (Lituanie), Andrzej Duda (Pologne) et Petro Porochenko (Ukraine) a eu lieu à Lublin pour célébrer cette coopération militaire.

Source ambassade polonaise en lituanie

Figure 10: Le président ukrainien Porochenkho, son homologue polonais Duda et la présidente lituanienne Grybauskaite ''jouent au jeu de la guerre'' le 25 février 2019 (Source-Ambassade polonaise en Lituanie)

Source ambassade polonaise en lituanie 2Figure 11: Célébration de la mise en oeuvre opérationnelle de la brigade polono-lituano-ukrainienne (Source-Ambassade de Pologne en Lituanie)???

 

Le message prononcé par le Premier Ministre polonais est alors très clair : « Nous savons tous bien que : nous sommes forts quand nous sommes ensembles, nous sommes forts quand nous sommes d’accord, quand, entre nous, règne l’amitié, quand nous marchons dans une même direction. » Le message adressé à la Russie est limpide et il ne semble pas que l’élection de Gitanas Nauseda comme président de la Lituanie (prise de fonctions le 15 juillet 2019) ne doive changer la donne. Ce qui va probablement faire basculer la relation avec la Lituanie reste probablement le comportement, pour le moins déroutant, du nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui, sans expérience politique antérieure, montre, dès son arrivée au pouvoir, des signes clairs de faiblesse. Des faiblesses déjà exploitées par la Russie mais qui pourraient l’être aussi par la Lituanie dans sa quête de montrer qu’elle agit désormais comme un grand frère pour l’Ukraine comme au temps du Grand-Duché de Lituanie où l’Ukraine n’était alors qu’une dépendance des immenses domaines du Grand-Duc de Vilnius. Un grand frère qui s’est déjà empressé de montrer son soutien à la suite de la victoire de Zelensky aux élections législatives du 21 juillet qui lui donnent les pleins pouvoirs : le nouveau président lituanien Nauseda l’a appelé au téléphone dès le lendemain 22 juillet, alors que les bulletins n’étaient pas encore tous décomptés, pour le féliciter et évoquer avec lui « la sécurité régionale et la coopération lituano-ukrainienne réussie dans le cadre de l’UE et de l’OTAN. » Non, la Lituanie ne laissera pas tomber l’Ukraine : qu’elle le veuille ou non.

Carte de l action lituanienne en ukraine carte de l auteur

Figure 12: Carte de l'action lituanienne en Ukraine (carte de l'auteur, d'après le site de fonds de carte d.maps)

 

 

Sources

-Chillaud Mathieu, Les Pays Baltes en quête de sécurité, Economica, Paris, 2001, 302 pp.

-Purs Aldis, Baltic Facades, Reaktion Books, London, 2012, 230 pp.

-Site de l’armée lituanienne : https://kariuomene.kam.lt/en/home.html

-Site du ministère des Affaires Etrangères ukrainien : https://mfa.gov.ua/en

-Site de la brigade LITPOLUKRBRIG : http://litpolukrbrig.wp.mil.pl/en/index.html

-Site de l’ambassade de Pologne à Vilnius : https://wilno.msz.gov.pl/lt/p/wilno_lt_a_lt/

https://wilno.msz.gov.pl/lt/ivykiai/prezidentai_lankesi_lenkijos_lietuvos_ukrainos_brigadoje

https://www.unian.info/politics/10539096-new-rotation-of-lithuanian-military-instructors-to-arrive-in-ukraine.html

https://medium.com/dfrlab/minskmonitor-only-western-country-to-provide-lethal-aid-to-ukraine-6ef6aeac1b53

https://www.presstv.com/Detail/2016/09/03/482988/Lithuania-Ukraine-lethal-weaponry

https://www.defensenews.com/global/europe/2019/04/03/lithuania-is-first-baltic-nation-to-sign-us-defense-cooperation-pact/

https://www.defensenews.com/land/2019/07/16/in-russias-growing-shadow-lithuania-modernizes-its-defenses/

https://nekropole.info/ua/Mikola-Zelenec?dlang=en

https://en.delfi.lt/politics/lithuanian-honorary-consul-kidnapped-and-killed-in-luhansk.d?id=65634380

https://ltlife.lt/lt-life-english/lithuanian-soldiers-will-deploy-to-11-multinational-operations-this-year/

https://www.agenda.ge/en/news/2019/1990

https://en.interfax.com.ua/news/general/604667.html

https://www.uawire.org/news/lithuania-continues-to-supply-ukraine-with-lethal-weapons

https://112.international/ukraine-top-news/russian-security-service-exposes-illegal-arms-transfer-channel-from-ukraine-and-lithuania-41146.html

Ajouter un commentaire